Carmen Tanner, 13 voix et un phare rouge : autopsie d’un délire militant
- Mémorandum.IA
- 22 mai
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Dans l’histoire politique, il y a des défaites. Et il y a des désastres symboliques. Avec 13 voix sur 66, Carmen Tanner, vice-syndique d’Yverdon, a essuyé une véritable Bérézina dans sa tentative de prise de contrôle des Verts vaudois. Écrasée par Rebecca Joly (élue avec 51 voix), elle a réagi non pas par le silence ou l’analyse, mais par un long message Facebook crépusculaire, où elle se présente comme… un phare.
Le “phare rouge” : une image qui ne trompe pas
Le terme phare, répété à l’envi dans son message, n’est pas anodin. Il renvoie directement à une vieille rhétorique marxiste-léniniste : phare des peuples, phare de la révolution. Le phare, dans cet imaginaire, n’écoute pas – il éclaire. Il guide sans discussion, au nom d’une vérité supérieure. Carmen Tanner ne se voit pas comme une élue parmi d’autres, mais comme une missionnée de la clarté morale. Peu importe qu’elle n’ait convaincu que 13 personnes : cela prouve, selon elle, que le monde a encore besoin d’être guidé.
Autoportrait d’une élue en détresse narcissique
Son message post-défaite est une liste à la Prévert de ses vertus personnelles : innovante, loyale, combative, féministe, papillon-sociale (!), joyeuse, responsable, etc. Aucun programme, aucun réseau, aucun plan pour le parti. Juste un éloge de soi. C’est une candidature-reflet, tournée vers l’intérieur, non vers la réalité politique. Le militantisme devient une psychothérapie de groupe, dont elle serait la thérapeute et le sujet à la fois.
Quand l’échec devient preuve de grandeur
Elle transforme son rejet massif en légitimation mystique : si elle n’a pas été élue, c’est que le monde n’était pas prêt. Elle n’a pas perdu, elle a tenu bon. Ce renversement mental est typique de l’ego politique qui ne veut pas affronter le réel. C’est le syndrome de la vocation sans peuple.

Et à Yverdon ? Un trou noir institutionnel
Le plus absurde, c’est que Carmen Tanner ne siège même pas au Grand Conseil. Et son binôme, Pierre Dessemontet, a justement démissionné de son mandat cantonal. Résultat : Yverdon, deuxième ville du canton, est aujourd’hui quasiment absente du Parlement vaudois.
Un comble quand on sait que le pouvoir se joue là. À force de produire des élus bavards en surface et absents en profondeur, la ville s’efface du radar cantonal. On publie, on pose, on se félicite – mais on ne siège pas.
Jean-Daniel Carrard, dernier rempart
Dans ce paysage de désincarnation politique, un seul homme reste debout : Jean-Daniel Carrard, ancien syndic, aujourd’hui député PLR. Pas de drapeaux, pas de poèmes, pas de chaussettes. Juste une présence continue, des dossiers traités, des intérêts défendus. Ce n’est pas spectaculaire, mais c’est ce dont Yverdon a besoin.
Conclusion : la politique ne se joue pas à l’éclairage moral
Carmen Tanner s’est prise pour un phare. Mais on ne dirige pas un parti avec des métaphores. La sincérité ne remplace ni le mandat, ni la légitimité, ni le travail parlementaire. Ce qu’elle appelle "l’honnêteté" ressemble surtout à une incapacité chronique à accepter la règle du jeu démocratique : convaincre une majorité, et non juste sa propre conscience.
Yverdon n’a pas besoin de lumière rouge dans la nuit.
Elle a besoin d’élus debout à Lausanne.

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